Frigide, je t’aime !

Par la Mouche du Coche, 4 avril

A L'HEURE où certains se piquent d’une certaine et facile frigidophobie, Frigide, aujourd’hui, je veux te le dire : je t’aime !

Je t’aime parce que tu dis ce que je pense sans avoir le look des paroissiennes du XVIe, je t’aime parce que parfois tu dis n’importe quoi avec un enthousiasme qui me donne envie de te suivre, je t’aime parce que, à la tête d’une foule de plusieurs centaines de milliers (peu importe combien) de Français déjà bien chauds pour en découdre, tu préfères risquer la dégradation de ton image par ton mouvement plutôt que de pousser la foule à plus de débordements, je t’aime parce que tu appelles au respect de la loi quand certains voudraient défendre la démocratie en la violant, je t’aime parce que tu appelles à l’action pacifique quand d’autres voudraient relancer les pavés d’un mai 68 que pourtant ils abhorrent.

Bref, je t’aime parce que sans toi on n’en serait jamais arrivé là.

Alors, c’est sûr, on se demande un peu vers quoi on va maintenant. C’est sûr que spontanément, je suis plutôt partant pour une bonne baston, moi aussi je veux goûter du spray qui pique, moi aussi je veux mon nez cassé en photo sur le Salon Beige, moi aussi j’aimerais marcher sur l’Elysée en contournant les cordons de CRS ! Il faut admettre que c’est exaspérant ce gouvernement qui prend l’eau de partout mais qui reste monolithique sur le seul sujet où on gueule vraiment. Et c’est vrai aussi que je regrette presque d’avoir déjà jeté ma télé tant les médias semblent vendus à la cause gaystrémiste.

T’es barjot pour de bon Frigide, du coup j’ai envie de continuer à te faire confiance, plutôt qu’aux intello-stratèges auto-proclamés qui forment aujourd’hui le (petit) gros de tes accusateurs, tous maîtres ès division alors que l’unité est de mise dans ce genre de combat.

Tiens bon Frigide, t’es dans le vrai ! Et je ne suis pas le seul à le penser. T’as raison de tenir les foules dans la paix, parce que toi t’as lu l’Evangile, t’étais à la messe des Rameaux le matin du 24 mars et ça t’a pas échappé que c’est la même foule qui acclamait Jésus pour mieux le condamner cinq jours après, que c’est bête et malléable une foule. Et je sais bien moi que t’as lu la Passion et que c’est étonnant que Jésus dise qu’il est venu rendre témoignage à la vérité. La même dont Camus parle, celle de deux et deux font quatre

« Mais il vient toujours une heure dans l’Histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort. L’instituteur le sait bien. Et la question n’est pas de savoir quelle est la récompense ou la punition qui attend ce raisonnement. La question est de savoir si deux et deux, oui ou non, font quatre. »  Albert Camus, La Peste..

Tu sais bien toi, ce qui s’est passé ensuite, la punition de mort.

Mais si les choses avaient été autrement, si Pierre et les autres avaient buté Judas, si la foule de Jérusalem s’était rebellée, alors pas de croix, pas de mort, pas de résurrection, du coup pas de Salut…

Alors peut-être comme le dit Camus, il sera un jour puni de mort de dire que deux et deux font quatre, d’affirmer que pour former un couple et avoir des enfants il faut un père et une mère. Peut-être que je mourrai pour ça, pour la vérité. Mais ce jour-là, je m’y engage, la violence et l’illégalité viendront de mes bourreaux, pas de moi ! Et la victoire de la vérité sera là plus certaine que si j’avais balancé des pavés.

La Résurrection, pas l’insurrection !