Chapitre 7 : De l’humilité

Ce chapitre, le plus long de la règle comprend 12 degrés. Il est le sommet de la doctrine de Saint Benoît, qui entend par « HUMILITÉ » l'état d'une âme qui a pris conscience de DIEU. Saint Benoît nous rappelle la divine sentence : « Tout homme qui s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé ».

Ainsi tout élèvement est une forme d'orgueil.

« Par conséquent, frères, si nous voulons parvenir à la cime de la plus haute humilité, à cette hauteur céleste à laquelle on monte par l'abaissement de la vie présente, il faut dresser, par nos actes qui montent, cette échelle qui apparut en songe à Jacob, et le long de laquelle étaient montrés des anges qui descendaient et qui montaient ».

Autrement dit : on descend en voulant s'élever et on monte en s'abaissant.

Le 1er Degré – Vivre sous le regard de Dieu

Avant tout, le moine doit commencer par être convaincu qu'il vit en présence du DIEU auquel il croit. Cette foi engendre la CRAINTE (!) de DIEU en obligeant à dire non au MAL qui est en nous : pensées, vouloirs, instincts.

Ainsi donc le premier degré d'humilité consiste à se mettre devant les yeux la crainte de Dieu.

« Sois vigilant car Dieu te regarde ».

Le 2ème degré – se soumettre – Obéir

La soumission est la première étape de l'humilité, c'est l'obéissance. Il faut détester sa volonté égoïste.

Il faut prouver à Dieu sa soumission radicale en disant NON à tout désir personnel, même bon ! et Saint Benoît cite l'Ecriture. « Je né suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé ». « Faire sa volonté entraîne la punition. Etre obligé d'obéir à un autre fait gagner la récompense ».

Le 3ème Degré d'Humilité

Consiste à se soumettre au supérieur, en toute obéissance pour l'amour de Dieu, l'Apôtre ayant dit « Il s'est fait obéissant jusqu là la mort ». Parlà, le moine imite le Christ.

Le 4ème Degré d'Humilité

Consiste en ce que, dans l'obéissance elle-même, en des circonstances pénibles et contrariantes et même si l'on subit toutes sortes d'injustices, l'âme, silencieusement, embrasse la PATIENCE et, tenant bon, ne se fatigue ni ne recule car l'Ecriture dit : « Celui qui aura tenu bon jusqu'au bout, celui-là sera sauvé ». C'est par la patience que ces moines accomplissent le commandement du Seigneur au milieu des souffrances et des injustices. On les frappe sur une joue, ils présentent l'autre. On leur prend leur vêtement, ils donnent celui qui leur reste encore. On leur demande de faire un kilomètre, ils en font deux.

Le 5ème Degré s'abaisser

En effet, l'obéissance peut devenir un motif d'orgueil. L'humilité consiste après avoir obéi, à s'abaisser, « d'abord en reconnaissant le mal qui est en soi ».

Cet abaissement consiste à AVOUER à son Abbé toutes les pensées mauvaises et tous les actes mauvais qu'on a faits en se cachant.

Le 6ème Degré d'Humilité

Pour un moine c'est d'être content de la condition la plus ordinaire et la plus basse. C'est d'être content de tout ce qui est sans valeur et inférieur, et qu’en tout ce qui lui est commandé il se juge comme un ouvrier mauvais et indigne. En préférant sincèrement les autres à soi-même.

Le 7ème Degré d'Humilité

Consiste en ce que non seulement on se proclame le dernier et le plus misérable de tous, mais aussi qu'on le croit par un sentiment profond du cœur, en s’humiliant et en disant avec le prophète : « pour moi, je sais un ver et non homme, l'opprobre des humains et le rebut du peuple ».Les gens se moquent de moi, le peuple me rejette. Je suis couvert de honte.

Le 8ème Degré s'effacer

Celui qui estime n'être rien évite toute singularité inutile ; il se fond avec les autres dans l'anonymat de la vie en commun.

Le 9ème Degré d'Humilité

Est la pratique du SILENCE. Car l'Ecriture enseigne qu'en parlant beaucoup on n'évite pas le péché « L'homme bavard ne va pas droit sur      terre ».

Le 10ème Degré d'Humilité

Est qu'il ne soit pas enclin ni prompt à rire, car il est écrit « Le sot, en riant, élève la voix ».

Le 11ème Degré d'Humilité

Est que le moine, lorsqu'il parle, le fasse doucement et sans rire : « Le sage se reconnaît à son peu de parole ».

Le 12ème Degré d'Humilité

Est que le moine, non seulement dans son cœur, mais aussi dans son corps lui-même montre toujours de l'humilité à ceux qui le voient, tête baissée, le regard fixé à terre. (Vers L'HUMUS, étymologie d'Humilité). Je me tiens courbé, je me fais tout petit.

Ainsi l'ascension de l'échelle de l'HUMILITÉ n'a qu'un seul but: faire du moine un bon ouvrier de l'œuvre de salut. Saint Benoît définit le moine comme étant « L'OUVRIER DE DIEU ».