L’accueil de Gad Elmaleh, dans ce vélodrome, plein à craquer, a tout de suite donné  le ton :


C’est la première fois que, dans ce stade, on est tous dans la même équipe !


Une entrée qui fait écho aux paroles de François, grand amateur de foot, devant ce choix du vélodrome; dès son arrivée,  il avait  rappelé que le football est un sport d’équipe dans lequel on ne peut pas gagner seul…


Le service de sécurité était sur les dents, mais pas François, à découvert, qui avait renoncé à garder son chapeau sur la tête à cause du vent; le soleil était de la fête et le mistral aussi qui poussait la papamobile, acclamée par la foule massée le long du Prado jusqu’au vélodrome.


 Suis-je le gardien de mon frère ? 


.Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?

Il ne s'agit pas de cette fausse joie de l'ivresse qui camoufle son mal de vivre, ou du rire que déclenche un  joint et  n'est qu'une bouée de sauvetage.

ni de cette joie factice, de circonstance, dans ces "fêtes" où l'on se sent forcé d'avoir l'air joyeux pour ne pas casser l'ambiance...

mais de ce sentiment de bien être, comme une douche chaude qui réchauffe l'âme et  réveille le corps fatigué ,

de la joie que procure la confiance que nous mettons en  Celui qui est toujours là comme le soleil au-dessus de nos nuages ;

de cette félicité si loin du plaisir éphémere, si proche du sentiment amoureux.


et le pape de nous interpeler dans son homélie : "Mais croyons-nous que Dieu est à l'oeuvre dans notre vie ? le croyons-nous ? croyons-nous que le Seigneur accomplit des merveilles de manière cachée et souvent invisible? qu'il est à l'oeuvre dans nos sociétés marquées par un sécularisme mondain et par une certaine indifférence  religieuse ?"

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Le choix de Marseille n'était pas anodin ; François profitait de sa visite à Marseille pour mettre en avant le problème des migrants en Méditerranée, appelant à la responsabilité européenne.

Ses deux discours majeurs, ce 22 et 23 septembre 2023 étaient consacrés à cette question.  


Après s'être recueilli sur une stèle dédiée aux marins et migrants disparus en mer, il dira :

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Ne nous habituons pas à considérer les naufrages comme des faits divers. Ce sont des noms et des prénoms. L’indifférence devient fanatique. Les personnes qui risquent de se noyer doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, un devoir de civilisation 

Contrairement aux critiques lancées contre les ONG accusées par leur action humanitaire d' encourager cette migration,  la fin des sauvetages dans le cadre de Mare Nostrum n’a pas freiné les flux migratoires, bien au contraire, et les cas de noyade de migrants se sont intensifiées.



comme celle de Mare Nostrum (lancée par la marine italienne en octobre 2013 pour venir au secours des navires en détresse de migrants traversant la Méditerranée qui a pris fin en octobre 2014. )


.Un merci géant se dressa dans les tribunes. L'enthousiasme était à son comble jusqu'à ce que l'assemblée, de festive, devienne fervante, quand la célébration commença.


Cet enthousiasme c'est justement ce qui manque tellement à notre vieille Europe désenchantée, comme ce tressaillement de joie au cœur de l'évangile de ce jour-là : celui de la "Visitation" quand  Elisabeth, enceinte, sent son bébé tressaillir de joie dans son ventre  à l'approche de Marie, enceinte, elle aussi, de Jésus...

Tous les projecteurs étaient braqués sur Marseille quand la cathédrale du foot a reçu  le Pape. La vieille cité allait-elle oublier ses problèmes (habitat, drogue,  immigration …) le temps d’une messe ?  


Tressaillez de joie  !


car vos noms sont inscrits dans le coeur de Dieu ...

dans son article 98, il est prévu par la Convention des Nations Unies  que dès qu'un navigateur a connaissance de la détresse d'une personne en mer, il est soumis à l'obligation légale de se rendre promptement auprès des personnes en danger et leur porter assistance.



Dans son homélie, il a dénoncé le tragique rejet de la vie humaine, qui est aujourd'hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, martelant une dernière fois ce message d'accueil des migrants.

La fraternité des marins a toujours existé, et le sauvetage en mer était un devoir moral avant même qu'il devienne une obligation légale, encadrée et organisée ;

La Méditerranée est une scène de crime contre l’humanité. Quand nous fermons les portes aux migrants, nous fermons la porte à Dieu.  dira une jeune italienne en s'adressant au pape

Soyez toujours joyeux ! nous dit la Parole de Dieu... Euh !



et de quelle joie parle-t-on  ?

La foi n'est pas une baguette magique qui transforme la réalité au point de supprimer la souffrance ; elle n'interdit pas de pleurer ... mais si tu ne comprends pas tout,  s'il te faut parfois dire "oui" dans ta nuit et garder l'espérance contre toute espérance ... elle te fait passer du pourquoi ? souvent stérile au comment ? qui te fait avancer ...

Mais devant l'importance des flux migratoires, seules des opérations spécifiques et une entr'aide internationale peuvent les aider

mais quel dommage de ne pas y aller parce qu'on ne comprend plus rien  au rituel , par peur de s'y ennuyer,  parce qu'on n'en voit pas l'intérêt... quel dommage d'avoir oublié qu'on y va d'abord pour ce Jésus, bien sûr, qui nous a fait enfants d'un même Père, mais aussi pour le rencontrer dans le visage d'autrui, dans ce "nous" si négligé par notre époque individualiste.

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La liturgie est certes théâtrale mais, après Dieu, le principal acteur , c'est le "nous"de l'assemblée.

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Que tes morts revivent! Que mes cadavres se relèvent!  Réveillez-vous et tressaillez de joie,

habitants de la poussière! Car ta rosée est une rosée vivifiante,

Et la terre redonnera le jour aux ombres. Isaïe

Il faut reconnaitre que le sens de la fraternité a été de plus en plus galvaudé dans des crispations identitaires ...

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mais aussi... qu'est devenu notre sens de l'hospitalité, celui d'Abraham et de Sarah qui accueillirent ces étrangers comme des frères sous les chênes de Membré ? (et reçurent ainsi la vie : Sarah, la stérile, n'aura-telle pas un fils, le fils de la Promesse) ?

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Comment annoncer l'espérance à un monde pour qui l’avenir est devenu une menace en misant seulement sur les prouesses de la technologie et d'une robotique susceptible de nous assister et même de nous remplacer ?

Tous frères ?

La « marque de fabrique » du chrétien, selon le pape François, est sa manière de considérer son prochain comme son frère; les républicains n'en avaient-il pas hérité ?

conclusion

La messe n’est pas obligatoire pour le chrétien : elle est indispensable ! c’est l'oeil du cyclone, le calme dans la tempête au milieu de la confusion de nos crises existentielles, de nos souffrances, de nos joies et de nos doutes; c’est le clin Dieu qui vient secouer notre apathie et recharge nos batteries pour affronter la semaine.



Tant mieux si on ne va plus à l'Église le dimanche, parce qu’on a toujours fait comme ça ...

La joie est un filet d'amour par lequel vous pouvez attraper des âmes ; elle est très contagieuse. donc, soyez toujours plein de joie !   Mere Teresa

Et quand tu es d’humeur chagrine et que rien à la messe ne fait tressaillir ton cœur de joie, prie comme Thomas More :

Seigneur, donne-moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres.


À nous de ne pas éteindre la joie et l'amour  dans nos messes et dans nos vies comme dans un mariage devenu routine ...

"Elle arrive en silence comme le font les grandes dames,

divine récompense, nichée au creux de mon âme..."

Dans les heures qui précédèrent le début de la messe, les gradins avaient enchaîné  "ola" et applaudissements effrénés.

Le tour du stade du pape à son arrivée fut donc salué par des cris qui n’avaient rien à envier à celui d'une rock-star.